Marcher dans une rue bondée de gens, je n'ai
Marcher dans une rue bondée de gens, je n'ai jamais aimé.
Marcher dans une rue bondée de gens, pendant les soldes, je n'ai jamais aimé.
Mon dos est moite je le sens en transparence de ma chemise
transparente, pourant légère, mais sous ma veste de velours, mon dos
est moite je le sens. Pourtant il ne fait pas chaud non, mais c'ets une
pesanteur, et la lourdeur des corps qui marchent, qui s'amassent, je
sors juste du métro, je suis le dégueulis de sa bouche, et dans la
marée humaine qui en sort, nous sommes tous un courant lourd de chaleur
moite. J'essaye d'éviter les corps qui marchent, toujours en ligne
droite : pas de modification de trajectoire, comme programmés ligne
droite. Alors forcément, certaines fois, il y a percussion, le choc
survient, un jeune homme qui m'enfonce par mégarde son coude dans les
côtes, mon genou se frappe contre le sien, comme si j'avais besoin de
ça, j'ai déjà assez mal. Ma canne manque de m"échapper des mains : je
suis un vieillard de dix-huit ans. Je m'excuse en vitesse, continuant
ma route sans rien changer.
La musique à mes oreilles scande la
progression de mes pas, course toujours évitant les obstacles que sont
les corps, qui au fond d'eux-mêmes pensent aux vêtements qu'ils
viennent d'acheter et qui mettront délicatement leurs arrieres trains
en valeur. Un café, épargné de la foule en ce jour du rush, me tend ses
bras et je pousse sa porte. Dedans, ca sent la cafeine triste et le
début de matinée. Le coca que je commande, ce n'est pas la meilleure
solution dès le matin mais qu'importe. Je m'assieds à une table, dans
un coin derrière une vitre sale à travers laquelle les passants ne nous
font cas, et j'ouvre mon livre. Le Grand Ceremonial. Face à moi, une
jeune fille lit, et par malheur, c'est du Victor Hugo.